Daniel Cadrin, o.p.,
Conférence d'ouverture des fêtes du 50eanniversaire de l'IP
28 août 2010
Cinquante ans : c'est l'âge de l'Institut de pastorale des Dominicains, ou comme on l'appelait dans les documents de 1960, « l'Institut dominicain de pastorale ». Pour introduire cette célébration du cinquantenaire, je vais parler de quatre éléments de ses origines, puis de dix continuités, dix traits présents dès ses débuts et encore aujourd'hui.
L'IP ouvre ses portes à Montréal en septembre 1960, mais ce ne fut pas une apparition soudaine. Il prend la relève de « l'École de prédication et de pastorale », qui était à Québec, comme se plaisait à souligner le fondateur de l'IP, Gilles Bélanger, o.p., originaire de St-Alexandre de Kamouraska. Cette École a d'abord offert des sessions de formation en prédication pour les Dominicains, après leurs études institutionnelles. À partir de 1956, elle accueille des prêtres, religieux et laïcs, intéressés à une formation attentive au contexte social et aux défis ecclésiaux. Cette École a des liens avec le Centre de culture populaire de l'Université Laval, le mouvement en éducation des adultes, les Journées d'Études sociales. Les années 50 dans l'Église du Québec ne sont pas remplies seulement d'une « grande noirceur » mais aussi d'initiatives éclairées et éclairantes. À partir de 1958, elle offre une année structurée de formation théorique et pratique en prédication et pastorale, suite au 2e élément.
En 1956, Pie XII publie la Constitution apostolique Sedes Sapientiae. Celle-ci demandait que les religieux prêtres reçoivent une formation pastorale pour l'exercice de leur ministère apostolique, qui prenne la forme d'une année de formation pratique et théorique, après leurs études en philosophie et théologie, et qui inclut des domaines comme la psychologie, la pédagogie, la catéchèse, les sciences sociales, la théologie pastorale. Et elle demandait que soit mis sur pied des écoles d'études pastorales. Cela correspondait à ce qui se faisait déjà chez les Dominicains du Canada, avec l'École de prédication, et lui donnait élan et soutien. Dans un mémoire pour les autorités dominicaines en 1957, les fr. Raymond Hébert et Thomas Landry proposaient que l'École devienne un Institut supérieur de pastorale, avec un curriculum universitaire et qu'il s'établisse à Montréal. Ce qui arriva. En 1967, l'IP s'intégrait au Collège dominicain d'Ottawa, qui venait d'obtenir une Charte universitaire lui permettant de conférer des grades civils.
Un 3e élément des origines, que Gilles Routhier connaît mieux que moi, c'est que la fondation de cet Institut s'inscrivait dans un projet plus vaste, ce qui a contribué à son développement. Les Dominicains étaient alors engagés de prés dans le mouvement de réforme sociale et ecclésiale de cette époque, qu'on qualifiera avec le temps de « Révolution tranquille ». Deux signes : dans les années 50, le rôle de la Maison Montmorency (à côté des chutes), animée par Georges-Henri Lévesque, o.p., où des sessions de formation de l'École de prédication se tenaient. Et la construction de St-Albert-le-Grand, de 1958 à 1960, un édifice qui dès ses débuts se voulait une alliance de la tradition et de la modernité, tant dans son architecture que dans ses composantes : un couvent o.p., un Studium de philosophie des o.p., un Institut dominicain de pastorale, l'Institut d'Études médiévales de l'UdM, une communauté chrétienne, des revues, etc., plusieurs espaces et centres à la fois autonomes et en interaction. (cf. Jean-Claude Marsan, étude patrimoniale, 2003).
Dans ses premières années, la clientèle était composée de prêtres et de religieux de plusieurs communautés. Mais déjà le prospectus de l'Institut disait que l'année de pastorale s'adressait aussi à tous les prêtres déjà engagés en ministère, aux religieux et religieuses et aux laïcs qui cherchent soit une initiation aux formes rajeunies de l'action pastorale, soit un approfondissement des sources de leur service pastoral. Le programme de 1960-61 se présentait explicitement comme une mise en œuvre de Sedes Sapientiae. On y trouve des cours généraux : entre autres, théologie pastorale, pastorale liturgique, sociologie et psychologie pastorales; trois séries de cours particuliers : la prédication (ses formes et exigences techniques); le ministère paroissial (sacrements, direction spirituelle, pastorale de l'enfance, de l'adolescence,…); l'éducation (aspect théologique et psychologique). Dans ce cursus, la liturgie et la catéchèse étaient privilégiées. Quant aux professeurs de la 1ère année, parmi les professeurs réguliers : Gilles Bélanger, o.p., André Gignac, o.p., Claude Poirier, o.p., M. Fernand Dumont ; parmi les professeurs invités : Noël Mailloux, o.p., P.-A.Liégé, o.p., Mgr P.-E. Charbonneau, M. Claude Ryan,…
Ainsi, à ses origines, le projet de l'IP était marqué par les éléments suivants : une continuité avec une dynamique existante, un nouveau service ecclésial de formation pastorale, une interaction avec d'autres organismes et courants, une volonté d'ouverture tant pour la clientèle, le contenu et les collaborations.
Dans ses premières années, certains traits de l'Institut sont bien marqués. Il vaut la peine de nous les rappeler. Et en fouillant dans les dossiers des origines, j'ai été frappé de constater la remarquable continuité dans les options depuis les origines.
Tout cela continue, sous des formes identiques ou renouvelées. Certes, des changements sont advenus :
Mais cet Institut a une identité qui demeure, un visage bien à lui. Et s'il demeure vivant, c'est justement à cause de cette fidélité créatrice aux origines qui, en lien à l'édifice même, dont nous fêtons aussi le 50e, voulait allier tradition et modernité.
Nous avons choisi comme thème de ce 50e : D'hier à demain... risquer l'espérance.
Hier, demain, et aujourd'hui, risquer l'espérance, cela demeure essentiel et mobilisant.
Je termine en citant le discours de Gilles Bélanger lors de l'ouverture des cours à l'Institut, le 19 septembre 1960 : « Le succès d'une telle entreprise reposera, comme dans le passé {cf. hier et demain}, sur le travail d'équipe et une confiance absolue dans l'assistance de l'Esprit. Viens Esprit Saint et renouvelle la face de la terre (cité en latin : Veni Sancte Spiritus .. et renovabis faciem terrae). »
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